RDC: Les réseaux sociaux, des alliés puissants dans la lutte contre les violences basées sur le genre

Image : Michele Cattani/AFP/Getty Images

Depuis quelques années, les réseaux sociaux ont prouvé leur capacité à devenir de puissants outils de sensibilisation et de mobilisation dans la lutte contre les violences basées sur le genre en République démocratique du Congo.

Ces plateformes virtuelles ont permis de briser le silence et de donner une voix aux victimes, tout en sensibilisant le grand public sur cette problématique persistante.

Grâce à la connectivité croissante et à l’accessibilité aux smartphones, de plus en plus de Congolais ont accès à Internet et aux réseaux sociaux.

Elles offrent un espace de liberté d’expression et de partage qui a été rapidement adopté par de nombreuses organisations et activistes impliqués dans la lutte contre les violences basées sur le genre et permettent de diffuser des informations et des campagnes de sensibilisation qui ont un impact significatif sur la société congolaise.

Divine Bujirwa, Présidente d’une ONG de protection de l’environnement et de défense des droits des femmes, a confié que « les réseaux sociaux nous permettent de toucher un public plus large et de diffuser nos messages de manière rapide et efficace. Grâce à ces outils, nous avons pu mobiliser des milliers de personnes lors de nos campagnes de sensibilisation. C’est un moyen inestimable pour faire entendre notre voix et lutter contre l’impunité ».

La mobilisation en ligne a également un impact important sur les décideurs politiques et les autorités.

Jonas Sindani, activiste congolais, avocat et doctorant à l’Université catholique de Louvain souligne l’importance de la pression exercée par les campagnes en ligne.

« Quand une pétition circule sur les réseaux sociaux et récolte des milliers de signatures, les autorités se sentent obligées de répondre et d’agir. Les réseaux sociaux leur montrent que la société ne tolère plus ces violences », a-t-il déclaré

Protais Kapalata, journaliste et chercheur en Sciences de l’information et de la communication à l’Université catholique la Sapientia de Goma estime qu’à l’heure actuelle, rien ne peut se passer comme mobilisation de masse sans recourir aux réseaux sociaux.

« Grâce à Facebook, Twitter et les autres réseaux sociaux, nous pouvons diffuser rapidement des messages de sensibilisation, partager des histoires de résilience et atteindre un public beaucoup plus large que par les canaux traditionnels », a expliqué Protais Kapalata

Au mois de Mars dernier, les jeunes de la blogosphère de Goma (Blogoma) ont sensibilisé les internautes à propos des violences basées sur le genre. La sensibilisation était principalement axée sur les femmes, qui en sont « les principales victimes. »

Des messages postés notamment sur Facebook et Twitter par ces jeunes de Goma ont donné aux femmes des stratégies pour prévenir les violences basées sur le genre en ligne.

Pour Lyliane safi Sharanguza, engagée dans le web activisme et l’une des personnes ayant initié la campagne, « les femmes s’étaient sentis concernées par cette thématique et plusieurs d’entre avaient pris la résolution de lutter et ne pas abandonner comme ce fut le cas pour plusieurs par le passé ».

A elle d’ajouter que « les réseaux sociaux permettent de déconstruire les stéréotypes et de remettre en question les normes sociales qui sous-tendent les violences basées sur le genre. Les discussions en ligne favorisent l’échange d’informations, l’éducation et l’émancipation des femmes ».

Simon Mambo Binezero, cofondateur et directeur exécutif de YARH-DRC, une organisation des jeunes qui vise à promouvoir la Santé sexuelle et reproductive, les droits et le bien-être des adolescents et jeunes, utilise le réseau social pour ses campagnes de sensibilisation. Il considère les réseaux sociaux comme « une vitrine pouvant permettre d’atteindre plusieurs personnes dans la vulgarisation de son message« .

Un impact positif et indéniable malgré tout

Bien que les réseaux sociaux soient un outil puissant, ils présentent également des défis. La multiplicité des contenus et des voix en ligne peut rendre difficile le maintien de l’attention et de l’engagement sur le long terme.

De plus, l’accès limité à Internet dans certaines régions éloignées de la RDC constitue un frein à la diffusion de l’information. Cependant, l’impact positif de ces outils numériques de communication est indéniable.

Des hashtags sont utilisés pour fédérer les internautes autour de la lutte contre les violences basées sur le genre et encourager les témoignages de victimes. Les vidéos virales, les témoignages poignants et les campagnes de sensibilisation en ligne jouent un rôle clé dans le changement de mentalités et la mobilisation de la population.

Les réseaux sociaux ont ouvert de nouvelles perspectives dans la lutte contre les violences basées sur le genre en RDC. Ils ont permis de briser les barrières de la peur et du silence, en offrant une plateforme de partage et d’expression pour les victimes.

Cependant, il est essentiel de continuer à investir dans l’amélioration de l’accessibilité à Internet et d’encourager l’usage responsable de ces médias pour un impact durable dans la société congolaise.

Les signalements de violences basées sur le genre (VBG) contre les filles et les femmes au Nord-Kivu ont augmenté de 37% au cours des trois premiers mois de 2023 par rapport à la même période il y a un an, selon le groupe de coordination VBG de la province, a précisé l’agence onusienne dans un communiqué de presse.

Plus de 38.000 cas de violences basées sur le genre ont été signalés pour toute l’année 2022 dans le seul Nord-Kivu. Dans la plupart des cas, les survivantes ont déclaré avoir été attaquées par des hommes armés et des hommes déplacés à l’intérieur et autour des camps. Depuis début mars 2022, plus de 1,16 million de personnes ont été déplacées par les affrontements entre les parties au conflit au Nord-Kivu. Près de 60% des personnes déplacées vivent dans des sites surpeuplés et des abris collectifs juste à l’extérieur de Goma, la capitale provinciale, où les risques de violence sexuelle sont extrêmement élevés.

Fidèle Kitsa Tukinalwa

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