L’incubateur « Un Jour Nouveau » est une pépinière des projets innovants et une source d’impact social à l’Est de la République Démocratique du Congo. Situé à Goma, le Hub UJN accompagne les entrepreneurs dans le développement de leurs projets et propose un espace de travail. Il propose également, au delà du coaching, un espace de coworking très confortable.
Dans un entretien avec le média en ligne Congo Sauti, Bernard Malaba Tshienda, Hub Manager de l’incubateur Un Jour Nouveau et Directeur Général Délégué de la Holding UJN a répondu aux questions, passant en revue les objectifs et missions de cet incubateur.
Congo Sauti (C.S) : Monsieur Bernard MalabaTshienda bonjour, vous êtes le Hub Manager de l’incubateur Un jour nouveau, dites-nous depuis quand existe ce Hub et quelle a été la motivation première de mettre en place cet espace pour les entrepreneurs, d’où est venue l’idée ?
BM: Les visionnaires d’ Un Jour Nouveau ont eu l’idée de créer un incubateur suite aux demandes répétées des bénéficiaires de nos nombreux programmes qui s’articulent autour de nos trois piliers : Genre et Protection, Education et Entrepreneuriat ; les bénéficiaires souhaitaient trouver un prolongement aux curriculums qui leur étaient proposés, tous basés sur le Leadership transformationnel et la masculinité positive ; l’entrepreneuriat est une des solutions concrètes au chômage des jeunes et des femmes, mais aussi des hommes qui n’ont que le désirs de pouvoir s’occuper de leur famille ! Les jeunes qui fréquentent le Centre Scolaire UJN sont également exposés à l’entrepreneuriat et des idées innovantes germent déjà chez certains d’entre ’eux !L’autre opportunité qui a conduit à la mise en place de l’incubateur est notre partenariat avec l’organisation ECI ( Eastern Congo Initiative de la star de cinéma américaine Ben Affleck) qui nous a confié depuis 3 ans et chaque année la responsabilité d’identifier, sélectionner, former et encadrer une trentaine de jeunes de la ville de Goma pour lutter contre le chômage des populations vulnérables (jeunes et femmes).
C.S : Depuis la création de ce Hub, au moins combien de jeunes sont passés par ici et comment ça se passe avec les jeunes porteurs d’idée de création d’entreprise surtout?
BM : A ce jour plusieurs d’entrepreneurs sont passés par nos différents programmes et actuellement 43 sont quotidiennement dans notre incubateur, soit dans les espaces de coworking ou dans des bureaux dédiés ; c’est à eux qu’il faudrait demander comment ça se passe mais de notre côté nous sommes extrêmement satisfaits de l’enthousiasme avec lequel ces jeunes ont rallié notre projet de Hub.
CS: Et l’incubation, comment ça se fait ici ?
BM : Nous proposons un espace de travail stimulant avec une connexion internet de qualité ( même si nous devons probablement rajouter des mégas devant le nombre croissant de startups !), des formations de haut niveau pour le renforcement des capacités de ces chefs d’entreprise en herbe, des séances de coaching personnalisées et l’exposition aux acteurs principaux de l’écosystème entrepreneurial du Nord Kivu ( réseautage) ; nous avons reçu des ministres nationaux, de Conseiller Spécial du Président en charge du Numérique, le président de RAN ( Réseau des Acteurs du Numérique), la cellule de coordination du programme PADMPME avec à sa tête le Coordonnateur National, le Directeur Provincial du FPI, le DG de l’ANAPI et tant d’autres personnalités venues inspirer nos porteurs de projet.
CS : Parlez-vous de vos succès
BM: Plutôt que de vous parler de « succès » je vous partage ma satisfaction d’avoir pu mettre en place un espace dans lequel nos jeunes se sentent bien et apprennent dans de bonnes conditions ; les voir régulièrement dans les espaces de réunion entrain de tirer des plans sur la comète me remplis de bonheur car je me dis qu’un avenir est possible pour eux… Mais plus simplement, voir les projets évolués, les chiffres d’affaires augmentés, assister à la création d’emplois, nous fait penser que nous avançons dans la bonne direction.
CS : Quelles sont les difficultés que vous rencontrez, surtout que vous êtes un jeune Hub ?
BM : Le business model d’un incubateur exige dans les deux premières années de bien contrôler les coûts de fonctionnement sous peine de rentrer dans le mur ; la conséquence est que nous avons une petite équipe et nous travaillons tous beaucoup… mais il est essentiel que nous ayons le contrôle, nous nous reposerons plus tard ! Et puis je dois avouer qu’il n’est pas toujours aisé de travailler avec des entrepreneurs, ils ont parfois l’impression qu’on s’ingère un peu trop dans leurs activités et qu’ils ne sont pas totalement libres ; mais nous essayons de les convaincre que c’est précisément cette « redevabilité » qui les feras avancer, tout un débat j’en conviens.
CS: quelles sont vos projections d’ici 5 ans ?
BM : Nous sommes en train de viser un autre bâtiment car nous sommes à l’étroit présentement, nous allons également lancer une académie pour former nos jeunes aux nouveaux métiers du numérique avec la possibilité d’obtenir rapidement un emploi ou la possibilité de créer leur entreprise innovante après la formation d’une année ; et puis nous allons dupliquer notre modèle dans d’autres villes du Grand Kivu, la première étape étant la ville de Beni ou UJN est déjà présent à travers ses programmes humanitaires, qui a tellement souffert et mérite qu’on se penche sur son émergence économique avec tous les acteurs concernés ; j’ai eu l’occasion d’y séjourner au mois de mars dernier et j’ ai rencontré beaucoup d’entrepreneurs motivés ! C’est en tout cas une des grandes priorités du couple NTOTO, nos visionnaires.
CS : Quelles sont les conditions pour intégrer le réseau Un Jour Nouveau?
BM : Avoir d’abord un projet entrepreneurial que nous allons faire passer par plusieurs filtres pour savoir si il est rentable et viable, avant de tester son business model et rédiger un plan d’affaires en bonne et due forme ; viendront ensuite l’incubation et l’accélération une fois que le projet est capable de générer une traction intéressante, gage du potentiel du projet.
CS : Monsieur Bernard Malaba Tshienda, nous vous remercions.
Les propos recueillis par Jonas Kalonda