L’Université de Goma (UNIGOM) veut susciter une culture de débat scientifique entre chercheurs et acteurs sociaux sur des problèmes qui gangrènent la communauté afin d’y apporter des solutions.
Cette alma mater s’est lancée dans la danse à travers son premier café scientifique, organisé par l’école supérieure de volcanologie, de gestion des risques et des catastrophes le vendredi 8 mars dernier, au campus du lac, ex kinyumba.
Cette activité scientifique ouverte, à tous, qui a réuni en grande partie des chercheurs, des décideurs, des étudiants et des acteurs sociaux a tourné autour du thème : « les risques liés au mazuku dans les campagnes des déplacés à Goma ».
Dans son exposé, le Docteur Blaise Mafuko, directeur de l’Ecole de volcanologie de l’Université de Goma a démontré que la ville de Goma est confrontée non seulement aux éruptions volcaniques, mais aussi à l’émission du dioxyde de carbone, communément appelé « Mazuku » qui constitue un danger.
Il a expliqué que ce dioxyde de carbone émane de certaines zones creuses de la région ouest de la ville et constitue une menace pour la population locale et surtout les déplacés de guerre vivants dans les quartiers Lac Vert et Bulengo.
« Nous œuvrons donc dans ce secteur et nous avons la mission de rendre des services à la communauté. Nous sommes dans une zone volcanique où il y a des fractures et là où il y a des émanations gazeuses, la zone représente un très grand risque pour la population. Les communautés des déplacés vivant dans les quartiers Ouest de Goma en sont victimes actuellement. Nous avons organisé ce café scientifique pour alerter tous les humanitaires et toute personne de bonne volonté pour pouvoir identifier ces zones voir comment on peut être à mesure d’aider la communauté en la sensibilisant et nous comptons sur les domaines diversifiés de l’UNIGOM pour y arriver. Nous avons toutes les compétences pour aider la population à bien mener les actions de prévention du risque de catastrophes », a-t-il déclaré
Matthieu Yalire, chercheur à l’observatoire volcanologique de Goma (OVG) a de son côté révélé que « des cas de pertes en vies humaines liés à ce phénomène de Mazuku ne cessent d’augmenter et à ce jour, 11 morts ont été enregistrés », d’où l’urgence d’alerter sur ce danger.
En effet, ce Mazuku est un phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur à l’ouest de Goma où des cas de décès par asphyxie causée cet oxygène inapproprié souterrain sont enregistrés.
Des participants à ce café scientifique ont plaidé pour que l’OVG place des panneaux de signalisation afin d’épargner la population de ce danger qui a également tué l’année dernière, le coordonnateur principal du service de protection civile, Joseph Makundi asphyxié par ce gaz alors qu’il voulait récupérer un corps sans vie d’un déplacé mort dans cette même circonstance dans un trou au quartier Lac vert.
Au cours de cette activité, le professeur Juste Yamoneka, Chargé de coopération à l’UNIGOM a indiqué que « ce premier café scientifique s’inscrit dans le cadre du projet de Renforcement institutionnel des capacités administratives et de recherche de l’UNIGOM qu’il coordonne au sein de cette Université. D’autres cafés scientifiques seront organisés pour essayer d’apporter des solutions scientifiques aux problèmes que connait la société ».
Financé par le Programme de renforcement des capacités de recherche en sciences sociales en Afrique francophone, le Global Development Network (GDN), le projet RICAR-UNIGOM vise à appuyer la dynamique de recherche à l’Université de Goma, par le renforcement des capacités des unités de recherches et des jeunes chercheurs.
Parmi les résultats attendus dans le cadre de ce projet, figurent notamment le renforcement des capacités des unités de recherche de l’université de Goma sont renforcées, renforcement des capacités des jeunes chercheurs de l’Université de Goma sur la production et la diffusion des résultats de recherche, promotion des activités de publication et de vulgarisation scientifique par l’organisation des manifestations scientifiques et le rapport, suivi et l’évaluation des activités du projet ainsi que la capitalisation des leçons apprises.
Fidèle K. Tukinalwa