Législatives à Goma: Ma contribution pour nos réflexions d’avenir (Tribune de Naasson Kubuya Ndoole Kundos adressée à la communauté Hunde)

Au vu des résultats des élections législatives en ville de Goma et après lectures des réactions des uns et des autres, je voudrais donner mon point de vue ici sans émotion. Je le fais en analyste politologue et pratiquant politique :

1. D’abord, toutes mes félicitations à Papa Mythondeke Bakungu Dieudonné. Il nous arrive de nous contredire moi et lui mais nous nous connaissons et Goma est notre fief. Il connaît comme moi et maîtrise la ville de Goma. Il a vraiment fourni un effort considérable même si les moyens et le mauvais choix du parti et du regroupement lui ont fait défaut.

En 2028, je lui proposerai une alliance : moi au National et lui en Provincial, comme ça on aura un Député national à Goma et lui au provincial et là, il aurait la chance de redenir vice-gouverneur ou alors il se faire élire Sénateur.

2. Courage à tous les autres candidats qui ont osé. Même si la chance ne leur a pas sourit, ils peuvent se retrouver aux prochaines échéances. Et s’ils vont comprendre que ce n’est pas leur domaine, ils peuvent entreprendre ailleurs. Certains doivent retourner carrément dans leurs ONG et d’autres dans l’enseignement.

3. Cependant, je voudrais tout simplement partager des idées acquises de ma petite expérience, une sorte de contribution pour nos réflexions d’avenir:

a. Le parrainage et le suivi politique comptent pour réussir les élections

Celui qui sait qu’il n’a pas de connexion sérieuse et solide à Kinshasa (siege des institutions et laboratoire politique du pays) ne doit pas embrouiller les cartes d’autres frères ou sœurs soit disant qu’il veut faire la politique ici localement.

Chaque poste qu’on occupe localement comme à la capitale remplit un quota d’un réseau politique quelque part. Les déconnectés ne sont pas fait pour la politique, il faut appartenir à un réseau pour se lancer et réussir en politique.

b. Un homme ou une dame qui veut évoluer doit savoir se définir

Les Hunde qui ont postulé, étaient-ils vraiment tous politiciens ? Avaient-ils tous de l’expérience dans ce domaine? Etaient-ils parrainés ou ils s’y sont jetés par hasard ? Voilà pourquoi tous ont échoué. Ayons le courage de nous reconnaître et soyons humbles en aimant et en nous distinguant dans ce que nous faisons habituellement. La vie est partout.

c. Devenir politicien (député) est un don de Dieu ou des ancêtres (zawadi, kipaji) et une vie à mener chaque jour

Il faut savoir comment vous vivez avec les gens, comment vous les encadrez en période de détresse et des difficultés, comment vous vous exprimez, quelle réputation dans vos familles, dans vos foyers, avec vos enfants, avec vos épouses, avec vos époux, leurs amis, la communauté, avec les alliés des autres communautés …..

C’est cette philosophie sociale autour de la personne du candidat qui vous donne les voix. Un conflictuel ou un orgueilleux ne peut pas se faire élire.

d. Être élu implique de moyens colossaux

Par exemple pour postuler à Goma, on ne doit pas avoir moins de 50.000$ disponible, en espèce, pas des crédits et des cotisations sporadiques et spontanées.

L’argent vous permet de gérer aisément la campagne: les réunions, les visibilités t-shirts, chemises, képis, les meetings, la sonorisation, les contacts, le dépôt des dossiers à la CENI, les voyages d’alliance avec le Nord ou le Sud, à Kinshasa, l’entretien des Quartiers Généraux, la location des bureaux dans les communes ou dans les quartiers, la mobilité et la logistique…. tout cela implique des moyens, il faut les avoir si non c’est la peine perdue.

Bref, il ne faut pas oser postuler quand vous n’avez pas les moyens car vous serez la rusé des électeurs, vous fuirez les réunions, vous ferez la campagne avec l’image de la pauvreté et par conséquent, vous n’aurez pas beaucoup de chance d’être élu.

e. La position sociale

Il faut avoir travaillé et laisser des bonnes traces et de bonnes oeuvres, des souvenirs que la population devra garder à l’esprit et qui la poussent à penser à vous quand elle est dans l’isoloir. On ne vote pas nécessairement tribu, ethnie, communauté,… On vote souvent l’oeuvre ou l’opinion du leader.

Ceci est dit par expérience, cherchez donc à exploiter d’abord les positions que vous avez, devenez populaires dans vos fonctions sociales, administratives et politiques où vous travaillez, initiez des bons projets pour la société, puis postulez, vous verrez que vous passerez facilement. Mais,venir du néant sans aucune oeuvre ayant touché l’esprit de la population et postuler, c’est se ridiculiser, réduire ses chances pour l’avenir et étaler sa faiblesse méconnue au par avant.

f. Entreprendre et construire le nom dans son fief électoral

Il faut être connu, créer le nom, l’imposer, entreprendre, avoir des services auxquels profite la base, apparaître, avoir une adresse connue dans son fief, avoir les attributs du pouvoir. Ceux-ci permettent que quand les gens ont des difficultés dans votre rayon de vie, ils vous prennent pour référence, le lieu de secours (fasi ya makimbiliyo, ya kuponeya). En ce moment là, si vous postulez, vous passez.

J’ai vu des gens de notre communauté que nous mêmes ne connaissions même pas et qui ont postulé, et au départ, les analystes savaient qu’ils se fatiguaient pour rien.

J’ai entendu aussi que certains candidats Hunde battaient leurs campagnes dans les hôtels, les électeurs ne savaient pas avoir l’idée de l’organisation de leurs familles ni identifier leurs adresses. Un notable reçoit sa base chez lui, pas dans les barres et les ngandas. A moins qu’il organise un meeting populaire ou qu’il ait une réunion de tous les quartiers generaux là il peut aller ailleurs. Mais les électeurs ont souvent besoin de savoir si celui qui va les représenter à une adresse dans son fief électoral.

g. Quel est votre fief électoral ?

Le fief électoral est le milieu où vous êtes connu et où le candidat a réalisé des actions qui font que la base elle même le plébiscite et le réclame pour devenir leur candidat. Il n’est pas nécessairement le lieu de sa naissance ou le terroir d’origine. C’est un milieu que le leader a conquis par son comportement, sa vie harmonieuse avec la population, sa notoriété et ses actions et interventions sociales.

J’ai vu de gens pendant cette campagne qui ont postulé à Goma où ils ne sont pas connus au lieu de postuler où ils ont évolué. C’était un mauvais calcul. J’ai aussi vu des candidats qui allaient mener des actions à Masisi et ailleurs mais qui ont rêvé se faire élire à Goma. C’était impossible. Ils se sont désorientés et ont fait reculé leurs perspectives. Il faut postuler et s’assurer qu’on a un fief électoral. Si on en a pas il faut faire autre chose et non embrouiller les cartes des autres.

h. Le choix du parti

Chers frères et soeurs Hunde.Un parti de nous mêmes ou un parti initié par d’autres, ce n’est pas une condition pour se faire élire. La politique se fait par les stratégies, les amitiés, les alliances et les calculs froids et intérêts souvent égoïstes mais qui vont profiter à la communauté plus tard. Il faut bien voir et adhérer dans un parti où vous êtes accepté, bien encadré, associé aux débats et réunions stratégiques et même de partage des avantages et moyens financiers et dans lequel vous êtes associé aux intérêts de toute nature. Ça doit être un parti perfectionné, organisé sur le plan national et qui peut atteindre le seuil électoral.

Vous pouvez adhérer dans un parti de vos frères, de la communauté mais si vous vous sentez isolés, il faut le quitter et trouver les alliances ailleurs. Si nous avons un Parti des Hunde et dans lequel le chef de fil accepte qu’on aligne des candidats qui remplissent ces criteres objectifs et qui sont choisis au-delà des critères sectaristes et colinistes, tant mieux. Mais si c’est un parti des Hunde qui est bloqué (cloisonné) et où les critères de choix et d’avancement sont extrémistes, autant mieux trouver des ouvertures ailleurs.

Chers jeunes, levons nous et commençons dès maintenant, demain sera tard.

Il faut que les choses changent, c’est possible.

Honorable Kubuya Ndoole Naasson Kundos

Master en Gouvernance, défense et sécurité.

Articles récents

Articles similaires

Articles similaires

Articles récents

Retrouvez Congo Sauti sur les réseaux !