Chers compatriotes du Nord-Kivu,
Je m’adresse à la classe politique du Nord-Kivu et particulièrement à nos collègues politiciens du « Grand-Nord ».
J’ai lu avec attention particulière le point de vue de l’Honorable Jean-Paul LumbuLumbu, Député Provincial élu du Nord-Kivu en congé, excellent juriste et un politicien avéré de notre temps qui surprendra certainement dans l’avenir.
Je sais aussi que l’excellence Nzanzu Kasivita, notre Gouverneur étouffé et sa communauté, se posent mille et une question pour la suite. Je voudrais les réveiller et leur prodiguer un conseil.
En analyste froid, je voudrais transposer le débat au niveau de leur groupe social et voici mon point de vue :
Restons démocrates mais définissons bien nos principes de vie et d’équilibre de rapports politiques dans la région. La démocratie ne veut pas dire domination du nombre mais l’arbitrage et la régulation de la vie dans la société. Tant que les « autres » se sentiront étouffés, le nombre ne dira rien.
Nous risquons de vivre ce désordre pour longtemps et faire du Nord-Kivu un espace de jeux profitant plus aux autres qu’à ces filles et fils. C’est comme ça que moi je comprends l’état de siège et c’est honteux pour nous tous acteurs politiques du Nord-Kivu, nous n’avons pas fait preuve d’une bonne politique de gouvernance sociologique.
Tout dépend alors de ceux qui ont le nombre et les moyens qu’ils doivent mettre en jeu pour s’organiser « avec les autres » et pas pour leurs interets seuls : l’affiliation, la sécurisation, le biopouvoir, la biopolitique … sont là les approches qui doivent définir les principes du jeu politique du Nord-Kivu pour une paix durable. Grand ou petit Nord, nous avons été tous défiés avec cette épisode dite d’état de siège, une expérience très malheureuse mais qui donne des grandes leçons.
Table ronde sur l’état de siège sans maîtrise de ces paramètres est une peine perdue. L’état de siège au Nord-Kivu doit être compris comme l’échec du nombre et de la démocratie, la classe politique nordkivucienne mise devant un fait accompli. Il faut bien réfléchir, recherchez une légitimité, l’adhésion de tous et chassez de loin le triomphalisme du nombre que certains confondent avec la démocratie. Cette notion signifie aussi le pouvoir de tous, le compromis, le contrat social.
Il y a un autre débat qui ne doit pas être floué à Kinshasa : celui de la représentation de tous les groupes sociaux (les communautés du Nord-Kivu) dans l’actuel Gouvernement par ce même nombre. Il ne faut pas chercher les raisons des grognes et soulèvements plus loin, tout est bien connu, le retour de la paix au Nord-Kivu dépendra aussi de l’équilibre que ceux-là qui prétendent avoir le nombre voudront accepter de créer en concédant ou en compensant pour que tout le monde se retrouve. C’est des notions simples de la philosophie sociale et de théorie de jeux : en voulant tout gagner, on perd tout. Cherchez toujours avec ce nombre (cette force) un équilibre et un compromis avec les autres si pas avec tous si non, il ne servira à rien.
Le paradoxe en vogue est lénifiant, une boutade incomprise pour la classe politique du Grand-Nord : » vous avez été élus mais vous n’avez pas dirigé la province malgré le nombre « ; car, tout a été remis en cause par un État de siège pensé et prémédité. La démocratie à la quelle mon ami l’honorable Jean-Paul LumbuLumbu fait allusion est en déroute au Nord-Kivu et on ne sait pas si cela prendra combien de temps car le climat socio-politique de la province est moin rassurant.
Il faut y réfléchir. Nous avons tous besoin d’une réforme qui puisse accoucher des mesures claires et concilatives favorisant l’intégration et l’unité nationale, des bonnes lois au niveau macrocosmique mais qui tiennent compte de nos réalités sociologiques particulieres pour une bonne gouvernance locale au profit de tous.
Hon. Naasson Kubuya Ndoole « Kundos »
Masterant en science politique.