Les défis à relever par les entrepreneurs congolais pour conquérir le marché commun de la CAE

Les entrepreneurs congolais sont appelés à relever les défis et mettre en place des mécanismes pour proposer des produits et services alors que la République démocratique du Congo a officiellement intégré la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) le 8 avril de cette année.

C’était après la ratification par le chef de l’Etat congolais Félix-Antoine Tshisekedi de l’accord régissant désormais les 7 pays membres de cette organisation sous régionale.

Il s’agit du Kenya, de la Tanzanie, de l’Ouganda, du Burundi, du Rwanda, du Soudan du Sud et de la RDC. Ses compétences vont de l’intégration financière et monétaire au maintien de la paix, en passant par le respect de la bonne gouvernance. L’accord se fonde aussi sur la libre circulation des personnes entre les pays membres et les échanges commerciaux.

Les avantages que peut tirer la RDC de cet accord

D’après Polycarpe Ndivito, président de la Fédération des entreprises du Congo (FEC), Butembo-Lubero, l’adhésion de la RDC à la CAE va beaucoup aider à propulser les importateurs congolais, qui vont devoir bénéficier des allègements des frais douaniers.

« Sans la libre circulation, des personnes infligent aux Congolais en moyenne 15 à 25 000 dollars le jour. On paye 50 dollars, juste pour entrer en Ouganda, même si c’est un séjour de quelques heures. Vous arrivez à la frontière Kenyane, à Malaba, vous payez 50 dollars, si vous allez en Tanzanie, encore 50 dollars. Vous comprenez que c’était un manque à gagner énorme pour les Congolais », a témoigné Donald Shauri Kigotsi, opérateur économique de Butembo.

L’Est de la RDC se prépare

Pour Al Kitenge, expert et stratège notamment pour les questions économiques et de la géopolitique, cet accord va beaucoup bénéficier au pays dans sa partie Est, qui dépend évidemment des ports de Mombasa au Kenya de Dar-es-Salam en Tanzanie. Ainsi, les opérateurs économiques et entrepreneurs qui sont des acteurs clés, doivent créer des entreprises pour compétir au niveau de ce grand marché commun.

« Il est important que les congolais comprennent que, lorsqu’il est question de la création des entreprises, création des richesses. C’est beaucoup plus les opérateurs économiques qu’il faut interpeller plus que l’Etat congolais. Ce dernier est le facilitateur. Comme vous le savez bien, la partie qui sera la plus touchée, c’est la partie Est, qui est d’ailleurs déjà en affaire avec la communauté de l’Est. Par exemple, en matière portuaire, nous dépendons des ports de Mombasa et de Dar-es-Salam, quand nous sommes au-delà, il y a le port de Matadi. Et donc les grands acteurs ici, ce sont les opérateurs économiques congolais, c’est ça la bataille », a expliqué Al Kitenge.

A ce sujet, Donald Shauri Kigotsi affirme que le secteur agricole va sans doute permettre aux opérateurs économiques congolais de compétir au niveau de ce marché commun, le temps que les autres secteurs s’organisent.

« Le secteur agricole va être très prolifique pour nous, du moment que nous produisons le café, le cacao, la banane, le quinquina, les fruits, et autres produits agricoles qui sont demandés notamment au Kenya et en Ouganda. Nous allons informer la population à travers des émissions notamment, pour que la population puisse comprendre les mécanismes de fonctionnement dans ce grand marché. Ce qui est une bonne chose, c’est aussi une pression qui sera exercée sur notre gouvernement, en vue d’améliorer la qualité de services qu’il rend à la population. Vous allez vous rendre compte que peut-être nous pourrons commencer à assurer nos véhicules ailleurs, ce qui va pousser la Société nationale d’assurance, à améliorer ses services », a indiqué Ronald Shauri Kigotsi.

Les préalables

Il a présenté quatre préalables au gouvernement notamment le rétablissement de la sécurité afin de permettre aux entrepreneurs congolais, particulièrement ceux de l’Est du pays à bien faire face à la concurrence étrangère.

« Vous allez vous rendre compte que, beaucoup de produits vont venir d’ailleurs. Parce qu’ils sont en avance par rapport à nous. Nous le vivons déjà d’ailleurs, avec les poulets qui viennent de là, des cheptels de bovins qui viennent de là, ça veut dire que, l’Etat doit permettre que nous soyons productifs. Car juste avec la sécurité, nous pouvons refaire toutes les fermes qui sont aujourd’hui à la merci des groupes armés dans la région ici », a expliqué Ronald Shauri Kigotsi.

Il poursuit :

« Donc, d’abord la sécurité, ce marché-là va être inondé par nos produits, par des efforts individuels des entrepreneurs. En plus, l’Etat doit réhabiliter de manière permanente les routes de dessertes agricoles, nous implanter des banques agricoles, parce que les autres pays subventionnent les agriculteurs, ce qui implique la baisse de prix des produits locaux. Enfin, il nous faut un assureur agricole rationnel. Parce que, quelquefois, c’est à la merci de n’importe quelle intempérie ou une quelconque pathologie que nos cheptels peuvent être ravagés ».

Les défis

Jean-Marc Kambale Talima, analyste économique et financier, craint que les opérateurs congolais soient étouffés par la fiscalité. Ce qui ne pourra pas leur permettre de faire face au niveau de ce marché régional.

« Nos opérateurs économiques sont vraiment étouffés par un taux de fiscalité assez élevé. Il faudrait que le gouvernement puisse voir dans quelle mesure il pourra défiscaliser certains services. Déjà, le peu d’entreprises locales qui essayaient d’entrer dans le secteur industriel, étaient obligées de se délocaliser. C’est le cas de la Savonnerie Industrielle de Butembo qui s’est délocalisée dans les régions de l’Est de l’Afrique ».

Tout en soulignant que les gouvernements provinciaux ont aussi un rôle dans l’accompagnement des initiatives privées, l’expert et stratège Al Kitenge fait remarquer que, le gouvernement congolais est l’un des rares qui ne taxent pas assez les opérateurs économiques, avec 9 pourcents seulement de pression fiscale sur l’économie du pays.

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